1. Cédric, en quelques mots, quel est ton parcours professionnel ?
J'ai un équivalent Maîtrise dans le développement avec un DUT et un Bachelor Honours en Ecosse (2 années en pub ça compte non ?). De retour en France, j'ai sombré (rire) dans le Cobol dans le domaine de l'assurance maladie à Nantes pendant deux ans, et malgré la techno qui en rebute certains, ce début a marqué une sorte d'amour de mon travail, où j'ai découvert un environnement professionnel humain, plein de gens sympas, de rires, de défis, de problèmes, d’apprentissage, de croissants [...].
Revenu dans ma région natale à Lyon
J'avais le choix entre "devenir expert Cobol" et "varier les plaisirs". J'ai rejoint une équipe qui m'a super bien accueilli et m'a beaucoup transmis. Comme j’ai une curiosité naturelle à comprendre les contextes métiers, à adresser tous les acteurs d’un projet pour comprendre au mieux les enjeux, j’ai rapidement assumé le rôle de lead développeur. Cette attirance pour comprendre la globalité d’un projet m’a amené sur le domaine de l’architecte de solutions, c’est un rôle qui me plait beaucoup car il me permet d'envisager les choses de manière systémique et d'être support de l'organisation entière.
Comme beaucoup d’architectes, je suis passé par une crise existentielle sur mon métier et la façon de l'exercer, ma peur étant d'être qualifié "d'architecte tour d'Ivoire" et de ne plus réellement aider les équipes de développement. J'ai trouvé ce qui me plaisait en assumant un rôle de développeur / lead développeur / architecte de solutions au sein des équipes, avec l'espoir de leur transmettre mes connaissances et de les encourager sur le chemin de leurs propres choix (#architecture_émergente), tout en prenant part à l'apport de valeur dans le système d'information.
Sur le plan des communautés techniques, j'ai intégré une super core team dans ma précédente entreprise, pour orchestrer l’animation et éveiller la curiosité des dév’, dans une ambition de construire une communauté de professionnels se tirant vers le haut.
2. Peux-tu nous parler de ton parcours chez Ippon humain et professionnel ? Quelles ont été les grandes étapes ?
En mission avec trois consultants Ippon, j’ai été impressionné par leur implication à faire du mieux possible et n’avoir aucune peur de casser les lignes organisationnelles. J’ai senti que l’état d’esprit d’Ippon était le mien, à remettre en question l’organisation et les méthodes de travail, étant à la source des problèmes techniques constatés. Lorsqu’on m’a parlé de BlackBelt, de la cohésion, de la possibilité de s’investir dans la fondation, du système de management humain [...], il fallait que je rejoigne l’aventure !
Je suis donc arrivé il y a deux ans en tant qu’architecte solutions, au tout début du confinement. Ça peut sembler étrange, mais ce manque de proximité local m’a été bénéfique, car cela m'a permis de rencontrer énormément de personnes d’autres agences et de rapidement entrer dans l’organisation complète d’Ippon, avec le système de Belts, de Practices, de formations internes [...].
Dès mon arrivée je me suis lancé dans la création de formation, notamment autour de l’API Management, un domaine que je connais bien, ayant déjà donné des formations et conférences à ce sujet. Immédiatement après, j’ai pu entreprendre la création de la Belt Solution Architecture, afin de créer un parcours d’apprentissage autour des connaissances de l’architecte (hard skills) et du savoir-être de l’architecte (soft skills).
J’ai adhéré à une page de partage de contenu en interne qui s’appelle “On agit” , qui se questionne beaucoup à propos de causes sociales et environnementales. C’est au travers de différentes discussions qu’on a créé la dynamique “Go For Good” ! Nous avons participé au Sustainability IT Challenge d’API Days afin d’aider les équipes participantes à trouver des axes d’amélioration en termes d’éco-conception, et ainsi se questionner sur l’impact de nos métiers sur notre unique planète. Nous continuons cette mission “Go For Good” sur bien des plans chez Ippon, pour dispenser cette connaissance auprès des consultants, et pour participer à une amélioration continuelle sur nos pratiques.
Enfin, mon arrivée chez Ippon a marqué un renouveau dans mon apprentissage, où j’ai rencontré multitudes de "passionnés" portant des convictions. J’ai énormément appris autour des pratiques et méthodologies de travail, comprendre des moyens d’appliquer une “idéologie” Craftsmanship, redécouvrir l’approche Produit, m'épanouir dans une Agilité qui faisait sens, où la culture DevOps coulait de source, avec une magnifique autonomie des équipes de développement, dans un climat de confiance et d’entraide.
3. Parle nous de tes plus gros challenges dans l’entreprise
Mon premier challenge a été de prendre le recul nécessaire pour créer la Belt Solution Architecture à destination de profils d’architectes, lead devs et devs. C’est beaucoup de remise en questions de comprendre quels sujets sont importants à apprendre et dans quel ordre. C’est quoi un architecte de solutions ceinture orange ? ceinture verte ? L’objectif ultime de la Belt, c’est d’aider à considérer que les solutions s’appliquent dans une approche systémique, donc des pratiques organisationnelles, humaines, méthodologiques, technologiques. Être Senseï sur cette Belt est un challenge en soi, qui demande de se questionner sans cesse, et d’améliorer la Belt.
J’ai énormément retravaillé les objectifs en termes de soft skills. Le challenge c’est de comprendre le besoin, de s’apercevoir que les mentorés et les mentors peuvent rencontrer des soucis dans l’apprentissage, et de faire évoluer les choses dans le bon sens. D’être itératif donc, d’appliquer nos propres méthodes de conception à la Belt en elle-même #culture_devops.
Mon second challenge est celui de manager technique. La direction m’a proposé ce rôle très rapidement : c’était un vrai défi humain. Être capable d’aider mes managés individuellement à se projeter dans leurs carrières, c’est aussi se remettre en question soi-même pour assurer le suivi du bien-être des personnes de mon équipe. J’ai adoré toutes les formations de soft skills pour progresser, et j’adore les entretiens annuels où on va chercher du sens. C’est souvent un joli moment rétrospectif où l’on prend le temps de savoir où l’on va, si ça nous plait et nous motive, et de se bâtir au fil des années.
Un challenge peut-être plus éphémère mais pas moins important, ça a été ma conversion au TDD. Je crois que je n’étais pas prêt ! Mon cerveau a travaillé dans un sens pendant 10 ans et le TDD l’obligeait à travailler dans le sens opposé. J’ai découvert le sens de “concevoir la solution par les tests”, où la moindre des questions que l’on se pose se formalise en un test, devenant notre filet de sécurité, notre antisèche, notre mémo pour nos prochains, et permet d’avancer par étape, en facilitant la refactoring et donc la qualité de code.
4. Quel a été le cheminement pour arriver au rôle de Fullstack Leader ?
Quand le précédent Fullstack Leader a annoncé son départ, on m’a contacté pour m’encourager à réfléchir sur cette prise de rôle. Ce n’est déjà pas de tout repos d’être développeur, manager technique, formateur, Senseï et membre de Go For Good... Je me suis dit qu’il fallait que j’en reste là… Mais ! Il fallait que j’y réfléchisse et que je réponde à une question fondamentale : si j’étais Fullstack Leader, ce serait pour quoi faire ? Autrement dit, il n’est pas question d’avoir du “pouvoir”, il est question de se demander ce qu’on en ferait. J’aimerais que les candidats aux élections présidentielles se posent la même question. Le rôle de Fullstack Leader n’est pas un but, mais un moyen.
En prenant le temps de la réflexion, et parce que ce n’était pas un terrain inconnu (cf membre de la core team de ma précédente entreprise), je me suis dit que beaucoup de choses pouvaient être faites : mettre en place des formations, créer du liant dans cette équipe (la plus peuplée d’Ippon), organiser des événements inter-agences… plein d’idées ont fusé dans mon esprit et je sens que je peux apporter ma vision et ma pierre à l’édifice pour lancer une nouvelle dynamique dans cette team.
5. Quelles sont les missions du Fullstack Leader ?
Avoir une véritable prise de recul sur la notion de gestion des compétences et sur la satisfaction des développeurs. Pourquoi les développeurs viennent-ils chez Ippon ? Est-ce qu’ils trouvent bien ce qu’ils sont venus chercher ? Est-ce que notre savoir-faire est bien accessible à tous ? De quoi manque-t-on pour monter en compétences ? Est-ce que les développeurs trouvent du sens ?
Comprendre l’organisation d’Ippon, donc les attentes des personnes qui ne sont pas de la Practice Fullstack, envers la Practice elle-même. Une Practice est un format d’organisation de l’entreprise encourageant la propagation du savoir-faire d’Ippon. Par exemple, nous nous devons de donner de la visibilité sur notre process de recrutement où nous incluons du pair-programming.
6. Quel est le premier chantier auquel tu comptes t’atteler ?
Je compte faire un tour des agences pour connaître les attentes de chacun car je souhaite vraiment quelque chose de collégial. J’ai envie que tout le monde puisse participer à la dynamique que l’on va mettre en place, créer de la cohésion pour que règne l’ “énergie collective”. Je remercie les personnes de la Practice m’ayant bien accueilli suite à ma première prise de parole sur ce rôle. Beaucoup m’ont contacté avec des messages d’encouragement, d’engouement ou de proposition de collaboration. J’ai senti que réexpliquer le “pourquoi” a donné du sens, et maintenant on va faire le “comment” ensemble !